À propos du conte

Pourquoi des contes ?

Conter ?
C’est écouter à haute voix
Un rêve ancien, plus grand que soi.
C’est un acte magique, une poésie :
C’est faire de sa parole une peau, un œil, une monture.
Faire d’un rêve un souvenir,
D’un souvenir une jeune aventure,
D’un mensonge un aveu, une vérité vraie.
C’est ouvrir son jardin et en faire un navire.
Voyager. Rien de plus.
Jusqu’à offrir à l’autre un souvenir nouveau,
Risquer de faire de lui un témoin, lui aussi :
Un conteur à venir.
Michel Hindenoch, conteur

Des contes pour les enfants ?

Quoi de plus extraordinaire pour un conteur que de décrire une horrible sorcière, de voir la peur dans les yeux des enfants, puis le soulagement, voire le bonheur, quand la méchante est punie ? Car, quel qu’il soit, le méchant doit être puni et le héros du conte doit gagner. Cette logique du conte est rassurante pour les enfants, elle leur permet de construire leur histoire, d’organiser leurs images, de s’identifier. Selon certains, les contes préparent les enfants à mieux comprendre ce qui les entoure, selon d’autres, ils pourraient les effrayer. Les enfants semblent fort bien accepter et même désirer ces contes qui leur font peur. Ils se réjouissent quand la marâtre de Blanche Neige est punie et quand le héros réussit!

Il est tout aussi extraordinaire pour le conteur d’entendre les enfants répéter des comptines, mémoriser des randonnées, poser des questions, répondre aux devinettes, en chercher, rire des facéties et du ridicule de certains personnages.

Les enfants aiment les contes merveilleux, les contes d’animaux, les menteries. En grandissant, ils apprécient les contes fantastiques. Ils aiment aussi trouver des éléments proches de leur propre histoire et peut-être même des réponses à leurs préoccupations.

Oui, les contes sont bons pour les enfants !

Des contes pour les adultes ?

Les contes ont vécu longtemps dans l’intimité de l’être humain, ils ont traversé les millénaires et sont la voix de nos ancêtres. Ils contiennent notre histoire portée par des aèdes, des troubadours, des bardes, des diseurs, des conteurs, des voyageurs… Ces récits étaient pour les adultes, c’est ainsi qu’autrefois, on prenait connaissance du monde. Les contes, les légendes, les sagas se disaient autour du feu, sur les places de village, en présence d’un auditoire de tous les âges. Chacun y prenait ce qu’il comprenait.

Aujourd’hui encore, les adultes écoutent des contes. Ils retrouvent avec bonheur les histoires de leur enfance. Heureusement de nombreux conteurs défendent ce patrimoine et présentent avec succès des contes pour tous les âges. En décrivant les histoires de l’homme, les contes, les fables, les légendes, les sagas nous enrichissent et parfois nous libèrent.

Oui, les contes sont bons, que nous soyons de grands ou de petits enfants !

 Le conteur est celui qui ouvre les portes de l’imaginaire,
déroule le récit comme un tapis de sable ou de pierres,
dans sa voix les histoires s’enchevêtrent
comme des petits ruisseaux pour finir fleuve immense.
On ne sait plus, en écoutant les conteurs,
si l’on remonte le temps ou si on le descend.
Nacer Khemir, conteur

Pourquoi des conteurs ?

Savez-vous que la première version connue de Cendrillon est chinoise et date du IXème siècle?

Savez-vous que le Conte des deux frères figure déjà sur un papyrus égyptien datant d’environ 1300 ans avant notre ère ?  Selon des spécialistes, il y en aurait environ 700 versions.

Les contes populaires avaient été oubliés, cachés par la notoriété des contes plus littéraires, comme ceux de Perrault, d’Andersen, ou d’autres auteurs ; et aussi par les versions édulcorées écrites pour le cinéma et pour certains livres d’enfants.

Fort heureusement, des collecteurs, des ethnologues, des anthropologues, des folkloristes sont allés dans les campagnes proches ou lointaines. Ils ont rencontré d’anciens conteurs et ils ont peu à peu transcrit toutes ces richesses de l’oralité. Les grands collectages ont été faits à partir du 19e siècle.

Actuellement, le conteur recherche ces histoires qui viennent de la nuit des temps, il se documente, il dépoussière et devient passeur en disant le conte avec ses propres mots. Et l’histoire d’hier devient celle d’aujourd’hui et demain elle sera peut-être reprise par un autre conteur. La trame restera toujours la même mais les mots employés seront ceux d’une langue vivante, celle d’aujourd’hui.

La conteuse Ruth Sawyer dit : Je crois que raconter une histoire est la chose la plus facile au monde et ce qui est le plus difficile est d’être un bon conteur.

Le conteur a sa voix, ses gestes, son corps, son imaginaire et des récits anonymes qui viennent de la nuit des temps. Ce sont les outils de l’oralité…

Allez écouter les conteurs, ils sont les passeurs de la littérature orale.
Le conte est essentiel, il raconte notre histoire.

Trois pommes tombèrent du ciel :
Une pour le conteur
Une pour celui qui écoute
Une pour celui qui a entendu

Proverbe arménien

Patrimoine culturel immatériel

En 2003, une convention proposée par l’UNESCO a été signée par de nombreux pays afin de protéger et répertorier le patrimoine culturel immatériel. Il comprend les traditions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme par exemple, les traditions orales.

Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle. Avoir une idée du patrimoine culturel immatériel de différentes communautés est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d’autres modes de vie.